Re : La revue de presse de Granturismo –
Dans L'Orient - Le Jour, journal francophone libanais (3ème du pays en diffusion, toutes langues confondues), un billet d'humeur corrosif sur l'interdiction de circulation en deux-roues motorisé entre 19h et 5h du matin.
Le billet, intitulé "Haro sur la moto", vaut son pesant de pois chiches, je vous le livre donc in extenso :
Heureusement que le ridicule ne tue pas. On aurait assisté à une hécatombe de Libanais morts de rire. Paraît qu'il y a des vols perpétrés par des motards. Résultat : notre très cher ministre de l'Intérieur décide d'en découdre avec ces soudards pendards de motards. Haro sur le baudet à moteur! Décision: toutes les motos seront interdites de 18h à 5h dans le Grand Beyrouth. Toutes? Toutes. Sauf dans le village irréductible des barbus de la Dahié qui résiste encore et toujours, on ne sait pas très bien à quoi ou à qui. Pourquoi pas dans la Dahié ? Eh bien, parce que courage oblige et que nos flicards ventripotents, nourris au foul et à la mankouché, préfèrent ne pas trop s'y aventurer de peur que les irréductibles barbus gavés de potion à la sauce résistance ne leur fassent leur fête.
Cela dit, il est même trop dur d'expliquer aux bidasses susmentionnés qu'il faut différencier entre le motard voleur et l'honnête imbécile qui a fait l'erreur monumentale d'avoir un numéro d'immatriculation, un permis de conduire et même un permis du ministère de l'Intérieur pour conduire la nuit et qui, en plus, est assez con pour porter un casque. Donc, pour simplifier, on interdit à tout le monde de rouler à moto. C'est plus facile que d'expliquer à des neuneus illettrés la différence. Par contre, durant la journée, tout est permis. Conduire leurs scooters en sens interdit et sans casque, cellulaire en main, est la spécialité des susdits flics censés faire respecter la loi. Quant aux malades qui font des acrobaties sur leurs motos entre les voitures sur les autoroutes, les bidasses en uniforme n'en ont cure et les regardent d'un air torve, caractérisant en lui-même toute la décrépitude dans lequel se trouve ce pseudo-État en
perdition.
Les réfugiés, les armes en circulation, les vols, la corruption, les crimes, l'État inexistant, les violences domestiques, tout ça est acceptable en république bananière, mais les motards réglos, voilà notre vrai problème. Tout est de leur faute. Interdisons aussi les bagnoles car elles sont souvent piégées. Il nous restera toujours la bicyclette, c'est vert et écolo. Mao, tu étais un
visionnaire.
