Accuser la spéculation de tous les maux, c'est une recette magique. C'est comme accuser le tonnerre de tous les feux de forêt sur la planète.

La spéculation, c'est l'essence même du marché. Combien vaut cet objet que tu viens d'acheter, si tu peux le revendre? Le boutquier sur ta rue fait-il trop, ou pas assez de bénéfices? L'artisan qui vend le fruit de son travail en retire-t-il son dû? Les produits de cette usine sont-ils sur-évalués, ou sous-évalués?

Et conséquemment, ton travail est-sous-payé, ou sur-payé?

La spéculation, c'est l'anticipation du prix d'un produit, en comparaison avec son coût. La spéculation, c'est en quelque sorte le fonctionnement normal du marché.

Mais alors, me demandes-tu, c'est quoi qui s'est passé, si ce n'est un excès de spéculation?

La tricherie, Maz. Essentiellement, la tricherie.

Revois tous ces cas qui ont fait manchettes. En plus de la multitudes des autres qui n'ont pas fait manchettes. Ce sont tous des cas de non-respect des règlements des marchés et des règlements éconimques.

Les administrateurs qui se votent des généreuses primes en bonis-actions à bas prix, qui veillent à gonfler la valeur de leur entreprise en quelques mois, qui encaissent leurs faramineux bonis, ce qui vide littéralement la caisse de l'entreprise et qui, enfin, remettent leur démission "pour aller relever des nouveaux défis ailleurs". Quelques semaines après, l'entreprise est en faillite. Ce n'est pas de la spéculation, ça: c'est de la fraude, ou de la tricherie, si tu préfères.

Un truc qu'on voit souvent, c'est la fusion entre 2 grandes entreprises. Le bénéfice à venir étant basé, officiellement, sur les économies d'échelle... à venir. En réalité, ces bénéfices anticipés équivalent, invariablement, à la moitié des deux caisses additionnées. Ce qui laisse la moitié du magot à se séparer entre les administrateurs des deux entreprises fusionnées, par le biais de bonis administratifs déclarés comme des frais supplémentaires dans la manoeuve de la fusion. Je te laisses imaginer l,ampleur de ces bonis, qui ne sont jamais déclarés aux actionnaires. On comprend pourquoi.

Ce qui a causé les dernières crises financières est le montage sophistiqués des couvertures des hypothèques, depuis l'hypothèeque de base prise par le petit emprunteur jusqu'à la super agence de couverture, pouvant couvrir plusieurs milliers de ces hypothèques. Entre les deux, s'estglissé une floppée de gros fonds de gestion garnis à ras bord d'argent venant d'on ne sait où (Caiman, Banques suisses, etc...) et cherchant le gros profit rapide. En se couvrant les uns et les autres, les gestionnaires en sont venus à s'allouer des généreuses primes de rendement tout en diminuant à zéro le risque de l'hypothèque de base. En réalité, le risque était amplifié, mais présenté comme nul par tout ce beau monde qui salivait à coup des super-primes. À tel point que l'on congédiait illico tout intervenant qui posait une question! Le risque étant, en réalité, de plus en plus élevé, cela a cassé.

Comme personne n'a compris, on a remis cela et ça a recassé.

Tu sais, Maz, prétendre que le risque est nul, avec toutes ces démonstrations hyper-sophistiquées, alors qu'en réalité, le risque est amplifié, c'est pas de la spéculation, ça: c'est de la fraude.

Je l'ai déjà écrit: en septembre et en octobre 2010, plusieurs portes-feuilles boursiers ont fait jusqu'à 40% de profit (annualisé) et même plus.

Et les gvts qui décident d'en remettre, au lieu de tenter d'affamer les fraudeurs.

Ou ben c'est moi qui comprend pas, ou ben c'est que tous ces beaux hauts responsables internationnaux n'ont pas encore assez mangés.

Et les internationnaux, c'est au-dessus des juridictions nationales.