Depuis que j'ai la bécane, je me tâtais (bien que d'habitude, je le fasse faire par quelqu'un d'autre ), se balader en solo, c'est cool mais se balader en groupe est-ce mieux ?

Mais voilà, où trouver des partenaires ?

Fort de l'esprit d'ingéniosité (et de la modestie) qui me caractérisent, j'ai ouvert les pages jaunes à la rubrique "Club de rencontres" persuadé d'y faire de nouvelles connaissances fondues de viriles amitiés et d'activités rebelles.

Et effectivement j'ai trouvé ce qui ressemblait à un club de motards chevronnés, le "125 SM", je ne connaissais pas ce modèle mais tant pis ils m'expliqueraient.

Et puis même si ce sont des petites cylindrées, de toutes façons, je n'ai pas l'intention de rouler vite.

Ce que je n'ai pas bien compris, c'est leur entêtement à organiser des rendez-vous nocturnes, on roule quand même mieux le jour même sous le soleil blafard de cette fin d'hiver.

Passons, à l'heure dite, je me rends à leur club où je me suis vite aperçu de l'erreur de casting, j'étais tombé sur des fans de Harley, il n'y avait qu'à voir leur accoutrement, petits gilets cloutés en cuir, mitaines et casquettes noires en cuir, moustaches 1900, un peu léger l'équipement en cette saison.

Et ils n'avaient pas l'air pressés de fendre l'air à l'extérieur, d'ailleurs aucune moto sur le parking, ça m'a paru louche, tous à boire des coups dans les petites salles qui bordaient l'entrée, les bruits de leurs montures faisaient un écho bizarre qui ne ressemblait en rien à mes Léo Vince préférés.

Pour détendre l'atmosphère, je me suis fendu d'un "V à tous les petites tafioles" mais ils n'ont pas eu l'air d'apprécier mon humour motard qui m'a valu tant de succès dans mes beuveries passées.

Ils me regardaient tous d'un air bizarre, leur cercle se resserrait autour de ma pauvre carcasse et là je me suis adressé à mon blouson, dans ces cas-là il faut faire semblant d'être plusieurs.

"Mon vieux Mac Adam, il vaut peut être mieux se casser, ils n'ont pas l'air d'aimer les propriétaires de Honda ici !"

Dégoûté par cette première expérience, j'ai décidé de plus jamais utiliser l'annuaire et je me suis inscrit aux Japonais absents.

Seulement voilà, le démon de la balade me tenaillait et j'ai décidé de passer à l'Internet, au moins les prises de connaissance y sont virtuelles et on n'a pas besoin de s'y promener avec un gilet pare-trou de balle.

J'en ai donc terminé avec cette "brève" introduction et me suis inscrit ici :

http://www.motard2troyes.com/index.htm

Dès les premiers contacts, j'ai senti que les choses seraient bien différentes.

Bon, je me suis demandé un moment s'ils voudraient bien de moi, non je vais pas y aller, ils doivent tous être chevronnés, ils vont se moquer de moi et puis je vais les ralentir.

L'envie étant plus forte que la honte, j'ai fini par les rejoindre pour une balade le 31 janvier autour de nos beaux lacs aubois.

Le froid était vif, la neige encore présente dans les sous-bois, nous étions une douzaine à braver les éléments et par une subtile émulation, je me suis surpris à tenter de les suivre.

Etant donné que je les apercevais encore à l'horizon et qu'ils avaient la gentillesse de m'attendre un petit quart d'heure à chaque village, j'ai eu l'impression de rouler comme un vrai champion et cela m'a mis du beaume au coeur.

Un chocolat bien chaud absorbé à mi-parcours nous a permis de nous réchauffer, de faire une amorce de connaissance avant de reprendre la route du retour.

Les vils instincts des arsouilleurs reprirent le dessus et deux groupes se formèrent, les hyper-sportives qui fusèrent à 280 km/h (selon eux, pourtant nous sommes loin de Marseille) et le deuxième à 150 km/h (selon moi ) constitué des lambins (moi) et de ceux qui ont eu la sympathie de m'attendre (ils se reconnaîtront).

En résumé, une très belle journée avec un groupe sympa et j'ai hâte de recommencer dès que la conjonction de mes disponibilités et de la météo le permettront.