80, 100, puis 110 au compteur, je file sur la contournante de Strasbourg. Dernière voie à gauche, vitesse stabilisée le long de la glissière en béton, j'allonge les jambes et je profite de la sensation de vitesse et du confort de la position. Pas de vent, un soleil timide entre les nuages, peu de trafic. Un routier italien; je dépasse et klaxonne avec un petit V de la main gauche. Coup de corne de brume à mon passage, les scooters il connaît. Je fais un signe amical de la main et file bon train.
Une tache verte sur le compte-tour attire mon attention; non, c'est pas vrai, on dirait, mais oui ! Une sauterelle toute verte, cramponnée des 4 fers, les antennes lovées sous elle, résiste, mais oui, résiste avec l'air d'un coureur cramponné au guidon qui baisse la tête !
Pour le coup je me prépare à couper vers la voie de droite pour accrocher la prochaine sortie et filer sur le centre-ville. Clignotant, prise d'angle jouissive d'un coup de rein, et je dégage.
Arrivé à destination, je décide de la laisser là, à l'abri du pare-brise, sur le compteur, car trop de béton pour une bestiole aussi verte. Je fais mes emplettes, prends un café, fais quelques vitrines et repars pour ma, en fait NOTRE maison puisque la Miss est toujours là, cramponnée à la face interne du pare-brise cette fois, comme une alpiniste sur le point de décrocher d'un glacier.
De retour chez NOUS je pose l'engin près du gazon et j'oublie.
Et bien vous ne croirez pas, mais l'histoire a déjà trois jours. La Miss est toujours là, et elle a fait maintenant près de 100 bornes avec moi, en passant même le Rhin pour faire les courses chez ses cousins germains, et ce soir on va aller voir le feu d'artifice ensemble.
à l'arrêt tout à l'heure, vous voyez la petite tache verte?
La Star pose. C'est le monde à l'envers !