Sécurité

[serval91]

Et vu la grandeur de l'affiche pas besoin de coller pour la lire. :biggrin_New1:

[aslio]

Les anglais ont depuis un certain temps entrepris de mener des campagnes de sécurité routière à base d'images-choc. On peut toujours s'insurger contre le procédé mais il a le mérite de rappeler certaines réalités de la physique et de la physiologie que chacun d'entre nous omet volontiers lorsqu'il prend la route.

Dernièrement, la police anglaise a partagé la vidéo filmée par un motard de son propre accident -mortel.
Je n'ai pas regardé jusqu'à la fin, mais ce jeune homme roulait bien imprudemment ce jour là, m'a t'il semblé.



Et vous? Que pensez vous du procédé qui consiste à diffuser ces images bien réelles ?
Vous semble t-il opportun de montrer certaines réalités que notre société nous cache si facilement (nous faisant oublier les conséquences potentielles de nos actes)?

PS: J'ai profité de ce post pour publier un sondage sur le sujet. N'hésitez pas à y répondre et à donner vos avis !

[GO ZEN]

C'est une très bonne question Aslio !

Pour ma part, outre ma sensibilité, que je ménage, je pense que la multiplication d'images chocs entraîne à terme leur banalisation et que l'effet recherché s'estompe. La porte reste ouverte pour le voyeurisme sordide, comme c'est le cas pour les horreurs mises en ligne par les assassins actuels.
De même dans la campagne anti-tabac, la succession d'images horribles amène une réaction d'auto-protection qui évacue l'horreur de la mémoire (cf les photos des cancers sur les paquets de cigarettes, qui sont moins dissuasifs que l' augmentation de leur prix).



Je préfère les spots de la dernière campagne de sécurité routière, du genre "maintenant votre fille ne pourra plus jamais se déplacer toute seule".
C'est comme dans les films Hitchcock. La mise en scène parle à l'imagination, le rideau de la douche bouge, une ombre assassine apparaît, la musique et le cri font frémir le spectateur...pas de sang, pas de scène gore, mais l'effet est là !!!!
]

Faire appel à l'imagination fait réfléchir, et l'esprit travaille à mettre en forme une réponse sensée qui s'imprime dans la mémoire pour longtemps.

[aslio]

Merci Claude pour cet avis argumenté et illustré qui fait bien avancer l'ébauche de la réflexion.
Ca m'inspire plusieurs interrogations et une suggestion: le voyeurisme n'existe que parce qu'il y a une forme d'omerta, de tabou, sur tout ce qui touche au handicap, à la mort... on y est pas habitués, ça provoque rejet ou fascination morbide...

Ensuite, je me demande si la prise de conscience des possibles conséquences d'un accident, de la violence du choc ressenti, du bruit entendu et du traumatisme que tout ça engendre, peut venir de l'imaginaire? Il me semble que ceux qui l'ont vécu témoignent, quand ils s'en souviennent, que c'est bien plus traumatisant que ce qu'ils imaginaient. Et c'est parfois si traumatisant qu'ils ne se le rappellent pas.

Pourquoi Hitchcock fait-il appel à l'imaginaire? C'est en effet l'un des ressorts qu'il utilise pour provoquer la peur et servir sa narration. Sa finalité, raconter une histoire, diffère radicalement des objectifs d'une campagne de prévention routière (faire prendre conscience). En outre, devant un Hitchcock, on est dans la fiction (par essence imaginaire), alors que la campagne de prévention routière veut justement sensibiliser sur la réalité des conséquences que des imprudences peuvent provoquer. L'imaginaire suffit-il à servir cet objectif??

Il est en revanche probable que la multiplication des images "choc" pourrait finir par les banaliser, même si l'exemple des photos sur les paquets de cigarettes ne me semble pas forcément pertinent pour 2 raisons :
1) la clope est une vraie drogue (qui cause d'ailleurs bien plus de morts que les routes!). La raison et la prise de conscience face à une drogue si dure ne pèsent pas toujours bien lourd...
2) une photo de 3cm2 n'a pas le même impact qu'un film même de quelques secondes, c'est inerte et petit, donc abstrait...


Allez, participez à ce débat les z'amis !

[ymo85]

Cette discussion m'intéresse énormément, mais je n'ai pas le temps d'argumenter en ce moment. Néanmoins, d'acc avec ce que dit Claude sur la banalisation. Mais aussi sur ce que dit Aslio : si on n'en parle pas, de ce qui fait mal, alors comment pourrait-on le savoir ? Je vais vous faire une comparaison bizarre, mais qui, mine de rien, s'y apparente totalement. Les guerres, leurs méfaits, leurs horreurs. Plus particulièrement pour moi, les camps de concentration, et tous ces systèmes pour asservir l'homme. A chaque fois, partout, j'ai pu lire : "plus jamais ça...". Oui, mais voilà. Vous savez ce qu'il en est. Non pas que tout le monde s'en fout, mais.... Alors, pour moi, il existe, je pense, une solution. Qui fait mal, mais qui me semble être la seule vraie réponse. 1 - montrer la réalité, et donc diffuser les témoignages de ceux qui ont vécu les accidents et leurs conséquences. TOUT. 2 - montrer du doigt, mettre au banc de la société, les responsables. Diffuser les noms, décrire les actes. Car nous sommes des animaux "sociables", nous avons besoin des autres pour survivre, c'est comme ça. Le regard des autres compte énormément pour chacun d'entre nous. Du coup, oser rouler comme un con et prendre tous les risques, au risque d'en détruire d'autres, doit être montré du doigt. Qui osera, devant de telles conséquences, se lancer dans la séquence "ça devrait passer", s'il sait ce qui lui en coûtera ? Je ne pense pas qu'il y ait de punition -eh oui, il en faut une, absolument- plus pénible que celle-ci. Au risque, voyez-vous, et j'irai jusqu'à ce niveau, de voir le responsable mettre lui-même fin à sa vie. Oui, ça peut paraître sordide, mais voyez-vous, nous vivons en groupe. Or, vous paraît-il normal que le groupe entier doive être puni et subir les conséquences de quelques rares individus ? Donc, savoir que ça fonctionne comme ça, ça calme dès le départ. Être éduqué sur de tels principes, ça fait des gens normaux : on élimine les sales instincts que nous avons tous au plus profond de nous. Je me souviens d'un débat sur un forum autour d'un motard qui avait renversé -et tué- une gamine qui traversait sur un passage clouté. Le gars était désolé, pleurait, se cherchait des excuses, presque. Et il a été pas mal remis à sa place, et ça, ça calme terriblement. Alors, pour moi, c'est : - montrer la vérité par la vérité : les acteurs. - punir les fauteurs de troubles en les excluant du groupe. Le reste, c'est, je pense, de la littérature, du résultat à court terme : on oublie vite ! PS Pour la cigarette, le débat est tout autre. Les fauteurs de trouble, ce sont les fabricants et les vendeurs. Il suffit de diriger les armes contre ceux-là.... Il suffit.... je sais. Je suis déjà dehors ! Je vous laisse, j'ai du taf !

[nono95]

J'avoue ne pas savoir trop me positionner. La campagne anglaise avec la mort en face m'a touché. Sur le moment. Je dois bien avouer que je n'ai pas changé ma manière de conduire.
Sans doute parce que ce motard avait un comportement plus imprudent que moi.
D'ailleurs ne suis-je pas un cas particulier vu mon implication à la CASIM ?
J'ai par contre bien apprécié les vidéos avec ces conducteurs hors du temps qui analysent l'accident avec du recul. Pas trop violentes mais qui m'ont fait réfléchir. Mon humble avis me pousserait à partir dans cette direction pour aider les conducteurs à comprendre les conséquences de leurs actes en leur montrant qu'il suffit parfois de pas grand chose pour avoir un accident ou pas grand chose pour l'éviter.

[Granturismo]

Et bien moi, je suis d'accord... avec tout le monde !

GO ZEN a raison en pointant le risque de banalisation mais d'un autre côté, on ne peut pas dire, pour reprendre l'exemple du tabac, que les campagnes soft aient été suivies d'effet.

Dans la vidéo mise en ligne par la police britannique, je ne crois pas que ce soit les images dures qui sont les plus efficaces, elles n'ont pour moi qu'un but : rappeler que ce ne sont pas des comédiens qui s'expriment, il y a bien eu un mort - et son comportement (la vitesse) n'y est pas pour rien.
Non, ce qui nous touche dans ce spot, c'est ce qu'il y a autour, c'est à dire le témoignage de la mère du motard. On a tous entendu qu'on devrait pouvoir prendre les risques que l'on veut sans être puni pour autant, c'est le problème de celui qui les prend, ce spot nous rappelle s'il en était besoin que nous ne sommes pas les seuls à subir les conséquences de nos actes, même si personne d'autre n'a été touché physiquement.
Et pour ça, il est diablement efficace.

Bref, je ne pense pas qu'il y ait de recette miracle en matière de prévention (ça se saurait), nous avons tous des sensibilités différentes, il est donc utile de tenter différentes approches.

[WD 40]

, les images choc, ou pas, de ces campagnes me touchent profondément et sont même indissociables, de la finesse d'analyse de certaines que j'appréhende bien à l'abri au chaud derrière le G5, de me rappeler pour les autres de la cruelle réalité si au final je n'ai pas bien saisi le sens premier des campagnes précédentes, alors je me refroidirai petit à petit derrière ma bulle, ou pas, puis complètement bien à l'abri derrière un scellé funéraire, laissant une famille brisée par le chagrin.
Alors pour éviter cela j'évite totalement de rouler à allure totalement irrationnelle dans un environnement totalement inapproprié, je me lâche bien sure parfois sur le tronçon que je connais bien de l'atelier (et encore cela dépend de mon 'sûre-de-moi du moment'), parcours extrêmement 'piégeux' même pour un 15cv, alors qu'importe si le zinzin en bar ou le motard cool me rattrape au village suivant, de là le 1er le premier aura forcément roulé comme un débile malgré les faux plats et virolos et le second bah sans peine vu le cubage, je me suis fait plaisir en "sécurité" sur quelques centaines de mètres ici et là ... mais jamais aux abords d'intersections comme ce motard Anglais, la route n'est pas un circuit ... merde !
@+

[csux8]

Moi aussi, je pense (j'espère) au fake.

[Granturismo]

En ces temps de beuv..., pardon, de fêtes en famille ou entre amis, un rappel avec cette pub de 1972 : pas plus de 4 pintes avant de prendre le volant



Naturellement, cette campagne ne serait plus acceptable aujourd'hui : avec les boites 6 vitesses, on peut prendre une pinte de plus.