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Réveil à 9 heures! Et moi qui voulais partir de bonne heure! Car j'ai décidé hier soir avant de m'endormir que j'irai ce matin faire la 570 sans mes bagages, depuis le temps que je veux me faire une piste -enfin, ce n'est pas une "Fxxx", il n'y a aucun gué à passer- de l'intérieur. Je reprendrai mes affaires au retour, car il est hors de question de passer une seconde nuit dans ce camping!

Il est dix heures pile lorsque je pars. Le temps est très beau. La montagne juste derrière le camping est éclairée de façon extraordinaire, et parait bien moins lugubre de cette façon qu'hier soir. C'est le Stapafell, et il ne fait "que" 526 mètres d'altitude! Mais comme toujours, d'un seul tenant! Un beau morceau!


La piste commence tout près d'Arnastapi, et je suis aussitôt dans l'ambiance.

C'est vraiment dommage que je sois en contre-jour devant ce superbe spectacle. La totalité de la côte Sud de la péninsule de Sneaffelsnes s'étale sous mes yeux émerveillés.
La pente est raide, mais Akitsu s'en joue comme d'une petite bosse. Elle aime grimper, c'est sûr. Moi aussi, tant que je n'ai pas besoin de pédaler... Et là, c'est bien le cas. Confortablement assis dans mon fauteuil, la poignée très faiblement ouverte, tranquillement. Le bonheur, quoi!
A peine quelques centaines de mètres plus loin, une pancarte m'indique une curiosité. Sönghellir. La grotte qui chante. Elle est tout près, deux cent mètres environ. C'est jouable, malgré mon casque, mes gants, mon gros blouson, sous un soleil de plomb!

Elle est couverte d'inscriptions, certaines très très vieilles. Mon flash répond très mal, je ne peux pas photographier tout ce que je voudrais.

Ce lieu est absolument magique. Bon, heureusement que j'avais gardé mon casque, faute de quoi je me serais ouvert le crâne en rentrant. L'ouverture est très petite, et il faut rentrer accroupi. Mon casque a encaissé les deux chocs, coup sur coup! Ouf!
Il fait sombre, très sombre, totalement noir tout au fond. La grotte est petite, du moins ce que j'en vois!
Alors maintenant, l'écho. Il est tout simplement inouï. La résonnance est fabuleuse! J'aurais vraiment aimé écouter de la musique dans ce lieu!

Lisa y est venue en 1749. Rendez-vous compte!

L'entrée de la grotte.
Je remonte vers Akitsu, presque en nage tellement j'ai chaud!

Vers l'Est. Au premier plan, le champ de laves que je traverse. Au second plan, la baie de Breidavik avec ses sables roses. Derrière, l'avancée de Budir et le Budaklettur. Ensuite, la baie de Budavik, dans laquelle j'ai vu les phoques hier. Puis toute les montagnes de la partie Sud de la péninsule. Je vous le disais, un panorama incomparable!

La couche de gravillons est assez épaisse, mais en même temps, elle est plutôt bien tassée, de nombreux véhicules ont du se charger de ce boulot! Je m'approche du glacier.

Je la vois qui serpente dans le champ de laves.

Mine de rien, ça grimpe assez dur. Derrière moi, l'océan, du côté d'Hellnar, où je suis allé hier soir.
Le bleu foncé, c'est la mer.

Le bleu, de ce côté, c'est le ciel.... Ne riez pas, car tout-à-l'heure, ce sera à nouveau la mer.... de l'autre côté de la péninsule, puisque cette piste la traverse de part en part.

Coup d'oeil en arrière sur le Stapafell. On aperçoit Anarstapi en bas, et ses falaises.
Le Stapafell.

Juste à droite du Stapafell, sur la côte, c'est bien sûr Hellar.


Encore le Stapafell. C'est une très belle montagne.

Whouahhh. Fantastique. Je ne peux pas vous décrire ce que je ressens, mais je suis en symbiose totale avec le paysage, avec le lieu. C'est magique.
Je suis totalement seul, je n'ai encore croisé personne, juste un van stationné en bas de la piste.
Lorsque je coupe le moteur d'Akitsu, quelque chose attire mon attention. Je regarde et je ne vois rien.
Et puis soudain, je comprends. Le silence. Le silence absolu, total. Pas un seul cri d'oiseau, pas un seul mouvement, rien.

Le téton du Snaeffellsjökull est un gros téton, bien plus que je ne le pensais!

J'ai dépassé les pentes descendant sur la mer. Je ne vois plus que l'océan à perte de vue.

Et ça monte toujours, mais un peu moins maintenant. J'ai l'impression que j'arrive sur une sorte de plateau.

Je suis désormais plus haut que le Stapafell, dont je ne vois plus que la pointe. la piste s'élargit. Elle disparaît presque dans le paysage.
Et c'est ce qui est magique.

A ce moment précis, j'ai dépassé le stade de l'émerveillement. J'ai l'impression de faire partie du paysage, d'en être! Je ne suis plus un homme qui pense, réfléchit, analyse... Non, pas du tout. Je suis. Un point c'est tout. C'est la première fois, dans tous mes voyages, que je ressens cette plénitude totale.
Pourtant, je viens de dépasser une voiture stationnée sur le bas-côté. Il n'y avait personne. sans doute des gens partis sur le glacier, qui se trouve sur ma gauche.



Détail sur le glacier, et les oreilles de chat. Je l'ai déjà dit plusieurs fois. cette configuration d'un sommet avec deux oreilles comme ça, je l'ai très souvent vu en Norvège du Nord, et aussi plusieurs fois en Islande.


Coup d'oeil arrière. la voiture que je viens de dépasser. Des gens ont ouvert le coffre. En bas, la côte et, curieusement, Hellnar qui apparaît.

Voilà la route d'un motard radieux qui a atteint ce qu'il recherche. Devant moi.

Sur ma droite. A nouveau, la péninsule réapparaît! Quel spectacle!


Pendant que je prends mes photos, la voiture que j'ai dépassé arrive à ma hauteur. Ce sont deux jeunes Français, qui s'arrêtent pour me dire bonjour. Ils roulent au pas, n'ayant pas de 4x4. Ils sont comme moi, émerveillés.


Montagnes lunaires? Montagnes Martiennes?
Non. Tout simplement montagnes Islandaises! Incroyables montagnes Islandaises.

La grande plaine longée hier. On voit distinctement les lacs dont je vous parlais, et qui se trouvent entre la mer et les montagnes. Prodigieux!
Pendant que je prends ces photos, je vois mes deux Français qui reviennent. Ils s'arrêtent à ma hauteur et me disent qu'ils ont fait demi-tour, car il y a une terrible côte à grimper qui leur fait peur. Ils préfèrent ne pas prendre de risques. Leurs paroles m'inquiètent un peu, vosu vous en doutez. On verra. Arrive alors un énorme 4x4 Islandais, qui s'arrête prendre des photos. Peu après, un engin mécanique monstrueux, avec une remorque sur laquelle se trouve une grosses cabine, du genre bureau d'accueil d'un chantier. Rien ne les arrête, ces Islandais! je me dis que s'ils descendent avec ça, je dois pouvoir monter... Je suis obligé de mettre Akitsu sur la lave, car ils ne peuvent pas passer, leur engin dépassant largement de chaque côté.
J'en profite pour questionner l'Islandais avec son énorme 4x4, s'il est déjà venu. Oui, aucun problème pour la moto. Oui, une petite côte. Partez devant, je vous couvre, et si vous tombez, je vous ramasserai et vous monterai! Sympa. Et très sérieux, avec ça!
Et effectivement, il m'attend, et reste derrière moi pendant toute la montée. Je m'arrête faire des photos, il s'arrête aussi pour en faire. la classe!

Oui, effectivement, ça grimpe sec. mais Akitsu, comme toujours, aime bien les côtes, et ça ne la dérange pas du tout. La route a fait un angle à 90 degrés, et je monte plein Ouest, vers le glacier. Ce qui fait que la totalité de la péninsule de Snaefellnes est excatement dans mon axe.



Le Stapafell est maintenant loin et bien en-dessous de moi. On distingue la route au centre.

Zoom sur la plage rose de la baie de Breidavik.



Vers les sommets environnants. Admirez les jeux d'ombre avec les crêtes. Non, ce n'est pas une peinture sortie de mon imagination, mais une montagne sortie des forges de Vulcain!

Cherchez le végétal....



Zoom sur le glacier.

Je pense être au sommet maintenant, compte tenu de cette grande descente, qui m'inquiète bien davantage que la montée. Mon Islandais est parti devant, c'est donc bien ça. Je suis soulagé, et un peu surpris par la réaction des Français. Mais assis dans l'habitacle d'une petite voiture, l'impression devait être énorme. De toute façon, ils ont eu raison de faire demi-tour s'ils ne le sentaient pas.








Cette partie rocailleuse a été plus difficile à négocier avec Akitsu. La route est vraiment à flanc de la montagne.

Et j'aperçois la mer de l'autre côté. Maintenant, je sais que je vais avoir une belle descente, avec de délicats passages. Et la descente, vous le savez, ce n'est pas ce que je préfère, loin s'en faut!

C'est parti... Au fond, le glacier dont je m'éloigne maintenant.

Un petit coup d'oeil en arrière. C'est bien ce que je pensais, il est en train de me surveiller, le Snaefellsjökull, avec son air de ne pas y toucher. Comme c'est un volcan en sommeil, je n'aime pas trop l'avoir sur mes fesses, et j'ai maintenant envie de me dégager de son emprise. Mais sans faire trop de bruit, pour ne pas le réveiller!




Là-bas, c'est le Breifafjördur, immense fjord, je dirais plutôt un golfe.

Et au loin, dans la brume, ce sont les fjords de l'Ouest, mes prochaines étapes!


Une très belle descente, que je négocie tout en douceur, très calmement.

Je laissse Akitsu glisser à son rythme, enfin, je la bloque entre deux rapports quand même.






Coup d'oeil sur ma gauche. J'aperçois Olafsvik.




Les nuages commencent à s'amonceler au-dessus de la tête du volcan-glacier. Je ferais bien de ne pas trop traîner, car j'ai quand même du boulot. Je dois retourner au camping, déplier la tente, et trouver un autre camping, de préférence celui de Stykkisholmur.

Et ça devient bon, j'approche de la côte. Il reste sans doute encore deux-trois virages à négocier. je me méfie toujours, avec la montagne, car tu crois parfois en avoir terminé, et tu as encore une passe difficile à traiter.


Effectivement, ce n'était pas terminé!


La dernière pente. pas facile de s'arrêter là-dessus. Un petit coup sec sur le frein avant, et tu te retrouves le derrière par terre, en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire!

Olafsvik et sa belle plage.