http://www.allersretours.com/Euro200...Euro_J079.html
Camping de Höfn.
Vers 9h30, je vais au bureau d'accueil prendre le bulletin météo. Heureusement! Une des dames est très sympa, se connecte sur Internet et me montre les photos satellite avec les vitesses du vent. Le tableau montre l'évolution prévue pour la journée, avec lieu, direction et puissance en mètres par seconde des rafales, heure par heure. Le résultat est éloquent. Les vents devraient atteindre leur maximum en fin de soirée, mais seront en augmentation croissante toute la journée, pour ne s'apaiser qu'en milieu de nuit!
Compte tenu de la distance, je devrais déjà être parti pour passer avant les fortes rafales. La dame me prévient que le pire sera forcément entre Fagurholsmyri et Skaftafell, donc dans la partie longeant le Skeidararsandur. Les Sandur, ce sont ces immenses plaines alluviales résultant des divers Jökulhlaup -explosions volcaniques sous-glaciaires- de la région. Et le Skeidararsandur est celui résultant des explosions du volcan Grimsvötn, lesquelles envoient des millions de tonnes de sables et graviers mélangés avec les icebergs sous la forme d'un torrent monstrueux.... La surface du Skeidararsandur est d'environ 1.000 km2, avec une partie côtière d'environ 50 km. Les sables sont traversés par plusieurs rivières glaciaires, qui se ramifient en ruisseaux innombrables à l'approche de la mer. Autrefois, il y avait des fermes dans cette parite, lorsque les glaciers étaient moins importants et les Jokulhlaups plus rares. Elles ont été détruites par les flots. Les hommes ont été obligés de migrer plus haut dans les collines, près des montagnes, et paradoxalement plus près des glaciers!
Conclusion pour moi: je vais rester, car je ne veux prendre aucun risque. Le vent, pour l'avoir plusieurs expérimenté avec le scooter, est le phénomène météorologique que je redoute le plus en moto -hormis neige et verglas, bien sûr, dans dans ce cas, la question de sortir en deux-roues ne se pose même pas. En plus, il pleut. Je décide de venir au bureau travailler sur mon PC ce matin, et d'aller faire un petit tour cet après-midi au café-internet et au super-marché pour acheter quelque nourriture. Il y aura bien une accalmie.
En fait d'accalmie, aller faire des courses avec la moto, même tout près dans le village, est tout simplement hors de question. Je me rends compte soudainement, en regardant par la fenêtre du bureau en fin d'après-midi, que le temps est absolument épouvantable. La pluie tombe avec violence presque à l'horizontale, les rafales sont terribles... Je suis trempé juste le temps de rejoindre ma tente, à moins de 100 mètres! A l'intérieur, j'ai l'impression d'être sous un ouragan! C'est le plus fort vent que je vis sous une tente, et ce n'est certainement pas grand chose! Je pense aux explorateurs des zones glaciares, montagnes ou pôles terrestres, qui doivent forcément supporter des vents supérieurs à 150 km/h, par des températures terriblement basses... Lorsque je suis arrivé dans la tente, le sol de la partie intérieure se soulevait entièrement! J'ai posé le PC et le sac de mes accessoires par terre pour "recoller" la tente intérieure au sol, et je me suis allongé sur mon matelas. La toile est secouée dans tous les sens, le bruit des rafales est épouvantable -et admirable à la fois! J'essaye de lire, mais je ne parviens pas à me consacrer à mon bouquin! Au bout de deux heures environ, puisque je vois que la tente tient bien -après en avoir fait le tour et redonné deux-trois coups de marteau sous une pluie cinglante-, je retourne au bureau, où il fait chaud! J'y emmène mon bouquin. Je paye une connexion Internet de 10 minutes (100 ISK) pour lire et répondre à mes mails, et rassurer la famille. Puis je m'asseois sur une chaise avec mon bouquin. Un jeune homme installé à une des tables -en train d'écrire, plein d'objets étalés autour de lui- me dit que je peux utiliser la table. Il parle Anglais, mais à ma question sur sa nationalité, il me dit être Allemand. C'est un cycliste. Il est arrivé hier soir à 23h30 de Skaftafell... Cycliste! Soudain, je réalise que c'est lui que j'ai vu hier en soirée au Jökulsarlon. Il me dit que oui, il se souvient de moi en train de faire des photos sous une nuée de sternes! C'est bien ça. Je ne me rendais pas compte qu'elles étaient autour et au-dessus de moi, car avec mon casque et mes gants, je me sens en totale sécurité au milieu de ces oiseaux agressifs. Vous vous rendez compte du courage et de la ténacité des cyclistes! On discute... Il me dit être allé plusieurs heures à la piscine, c'est ce qu'il fait pour se remettre en état de marche. Il est près de 21 heures. Le responsable s'approche de nous. Je sais qu'il va nous dire "on ferme...". Eh bien non. En raison de ce temps épouvantable, il nous accorde de rester ici jusque vers minuit, sa collaboratrice viendra fermer le bâtiment. Merci à lui, car retourner maintenant sous la tente ne nous disait rien qui vaille, autant à mon interlocuteur qu'à moi-même. Finalement, je retourne à la tente chercher pain, fromage, céréales et confiture. Nous passons la soirée à discuter, pour nous séparer à minuit, comme prévu. Mon cycliste est à moitié décidé à rester ici encore une journée. Pour ma part, je sais que je vais partir demain, sauf problème, car je n'ai plus rien à faire ici maintenant!
Le vent est toujours très violent, la pluie aussi. Mais je m'endors très vite, bercé par les éléments déchaînés qui s'affrontent au-dessus de ma tête, un peu comme si ce combat ne me concernait plus.
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Compteur Akitsu, 25.384 km
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