Voici l'essai du Beverly 500



Chez les maxi-scooters, il y a des modèles qui passent presque inaperçus, et puis il y a aussi quelques machines d’exception. Le Yamaha 500 T-Max apparaît évidemment au premier plan sur ce chapitre, mais le Piaggio Beverly 500 s’est toujours hissé en bonne place. Bien que ses ventes n’aient jamais vraiment explosé en France, son design façon « dragster des cités » lui a toujours valu une place à part. Le Cruiser débarque aujourd’hui avec quelques atouts en plus, à commencer par son monocylindre Master remis au goût du jour.


Un style à part !

Mais avant même ses performances, c’est par son look si particulier que le Cruiser sort du lot. Proche du Beverly, il s’en distingue néanmoins par quelques retouches de très bon goût. Exit donc le petit saute vent, le bloc compteur et le capotage de guidon, et place à un nouveau phare suspendu qui repose sur un guidon mis à nu et une instrumentation épurée, le tout soigneusement mis en valeur par une finition chrome du plus bel effet.

La jauge à essence migre pour sa part sur un petit cadran intégré au tablier. Côté décoration, on apprécie également la selle étagée en cuir beige ou le porte-paquet tubulaire. Bref, ainsi redessiné, le Beverly revendique un peu plus son titre de « custom urbain » et s’affiche comme un des plus beaux modèles du moment.

Autant dire qu’il est bien difficile de passer inaperçu au feu rouge ! Reste que ce design très tendance n’est pas sans répercussion sur l’agrément de conduite, le style « Naked » (dénudé) privant le conducteur de toute protection. Mais le cœur a ses raisons… que la raison ignore, a-t-on coutume de dire et les adeptes du genre seront probablement prêts à faire cette petite concession.

En revanche, ils pardonneront peut-être moins facilement l’absence de feux de détresse, de montre ou encore d’ordinateur de bord, tout comme le manque d’espace sous la selle. Le coffre n’accepte ainsi qu’un casque demi-jet et quelques affaires, soit une capacité de rangement pour le moins réduite. Et même si la boîte à gants assez logeable rattrape le coup, on a tout de même connu des scooters plus pratiques, y compris dans cette catégorie des grandes roues.


Citadin hors pair…

Mais le nouveau Beverly n’hérite pas de l’appellation « Cruiser » uniquement pour ses quelques spécificités esthétiques. Quelques changements ont également été apportés au moteur. Il reprend en effet un bloc Master de dernière génération, dont la cylindrée et le système d’allumage ont été revu. Cubant 492,7 cm3 et doté d’un double allumage, le monocylindre développe une puissance maxi en légère hausse pour un couple identique, le tout en répondant aux normes antipollution en vigueur (Euro 3).

On note au passage une légère baisse de consommation par rapport au Beverly 500, de l’ordre de 0,5 l/100 km. En pratique, le Cruiser se montre toujours aussi explosif à l’accélération au point de faire de l’ombre aux scooters les plus puissants, T-Max en tête ! Les démarrages sont instantanés et particulièrement musclés tandis que les montées en régimes vigoureuses ne semblent jamais en finir.

Avec une telle vélocité, le Cruiser fait merveille en ville. Le répondant de son moteur permet de se sortir aisément de toutes les situations : démarrage en groupe aux feux, dépassements… Seul petit bémol, son train avant assez lourd, son diamètre de braquage important et le (relatif) manque de souplesse de son gros « mono » l’handicapent légèrement à faible allure. Mais quoi qu’il en soit, le Cruiser bénéficie de performances de haut vol, le tout dans un confort de conduite appréciable. Bien que le plancher court empêche d’étendre les jambes, la selle moelleuse et étagée maintient parfaitement le dos du conducteur.

Les suspensions progressives se chargent pour leur part d’encaisser les petites imperfections de la route. Avec un guidon assez étroit, le Cruiser est aussi facile à manier entre les voitures, y compris en duo. Attention toutefois au passager, bien installé, mais qui a vite tendance à être repoussé vers l’arrière avec une telle fougue et en l’absence de dossier.

Dragster, mais pas sportif

En ville, le Cruiser n’a donc rien à envier aux « maxis » les plus sportifs. Il n’en va pourtant pas de même dès que l’horizon se dégage. Si les deux-roues de 14 et 16 pouces procurent à l’Italien une stabilité exemplaire sur chaussées lisses, il n’en va malheureusement pas de même dès que le bitume se dégrade.

Le Cruiser souffre ainsi d’un train avant particulièrement réactif. Comprenez par là que dès qu’une bosse ou un raccord se présente sur votre trajectoire en virage, le train avant a bien du mal à encaisser le coup sans le transmettre au châssis et provoquer ainsi de légers mouvements parasites. La faute à une fourche un peu ferme en hydraulique sans doute, mais aussi à une colonne de direction qui manque de rigidité.

En dehors de ce phénomène, l’Italien demeure malgré tout un scooter assez sûr. Le freinage couplé au levier gauche offre un mordant satisfaisant tandis que le poids raisonnable (190 kg) et le bon équilibre d’ensemble permet de conserver une bonne vivacité sur routes sinueuses.

Sur voies rapides, le Cruiser offre une bonne vitesse de pointe (156 km/h), mais qu’il est malheureusement bien difficile de tenir sur longue distance en l’absence de toute protection. On déplore également le réservoir de contenance moyenne (13 litres) qui limite l’autonomie à environ 230 km malgré une consommation raisonnable pour une telle cylindrée.


Conclusion
S’il se présente comme un maxi-scooter urbain de premier ordre, roi des terrasses de cafés et des grands boulevards, le Beverly 500 Cruiser nécessitera toutefois quelques équipements en plus pour se transformer en véritable modèle routier capable d’avaler les kilomètres.

Reste qu’à 6000 €, le Piaggio est plutôt abordable pour sa cylindrée, ce qui permet d’investir sans remords dans quelques accessoires, à part peut-être pour les adeptes de la flambe qui réfléchiront à deux fois avant de casser cette superbe ligne avec un pare-brise ou un top-case, finalement pas si indispensables pour une stricte utilisation citadine.