Re : Comprendre la dette en 10 minutes
J'entends tes arguments CDink, mais ils restent sujets à controverse: le déficit en Italie ou en Angleterre est encore plus grand, or il n'y a pas eu de politique d'assistanat aussi poussée qu'en France. Donc même si on admet que les privilègiés que tu désignes contribuent à creuser les déficits, ce n'est pas la cause unique.
Aujourd'hui, on nous explique qu'il faut faire des économies sur les dépenses publiques (hôpitaux, éducation, retraites, fonction publique, etc), mais les économies qui seraient (seront) faites sont des emplâtres sur une jambe de bois. Tout au plus quelques milliards. Sauf que la dette s'élevant à 1700 mds€, je ne vois pas comme ça peut résoudre le problème. De plus, derrière les économies, il y a des gens qui se retrouvent dans la précarité. Ce processus est un nivellement par le bas, qui conduit à la paupérisation de la population. Cela à un effet pervers : la diminution des recettes fiscales, donc la dette augmente de nouveau.
Au début des années 70, les banquiers et les industriels avaient compris que l'enrichissement des ménages était bénéfique pour eux. Ils ont ainsi favorisé la venue des femmes sur le marché du travail pour que le pouvoir d'achat des ménages augmente. Il s'agissait d'une vision à long terme. Aujourd'hui, la finance mondiale agit sous la pression des actionnaires (souvent des entités type fonds de pension) en vue de générer du profit à très court terme, sans considération sur les conséquences à moyen terme.
Entre boule de neige et serpent qui se mord la queue, il y a peut-être un moment où il va falloir prendre conscience que cette logique du court terme est vouée à l'échec.
Le gonflement croissant de la dette pourrait provoquer ce qui s'est passé en Islande, et qui a failli arriver en Grèce, et qui provoquerait, si ça se arrive dans plusieurs pays, une catastrophe mondiale. C'est pourquoi les banques devraient consentir à alléger la charge qui pèse aujourd'hui sur les états, qui sont aujourd'hui contraints d'emprunter pour rembourser principalement des intérêts (+ de 90% pour le cas de la France) et à appliquer à ses contribuables des politiques d'austérité.
Re : Comprendre la dette en 10 minutes
Nous bénéficions ici, de solides opinions venant de la gauche ET de la droite, qui s'ajoutent à celles du milieu qui cherchent une voie à suivre. C'est... EXCELLENT!
Voyons maintenant si nous pouvons faire mieux que le Congrès Américain, i.e. passer par dessus les préjugés idéologiques et explorer les possibilités présentes.
:)
Re : Comprendre la dette en 10 minutes
@Chichille
C'est exactement ma vision de (ce que devrait être) la politique : la capacité à juger une mesure ou une proposition pour ce qu'elle est, et non pour le parti d'où elle émane. Cette dernière mauvaise habitude qui consiste à adhérer aveuglément à une idéologie dictée par un homme ou par un organe est un catalyseur du désintérêt (pour ne pas dire défiance), des populations à l'encontre des hommes politiques. De plus, les clivages ont toujours contribué à amoindrir le débat pour le réduire à des querelles sans intérêt.
L'une des rares exceptions a été le débat qui a précédé Maastricht, où les hommes (et les femmes) se sont affirmés et ont montré leurs vraies convictions, indépendamment de leur couleur politique. On le voit aussi parfois, ponctuellement, comme pour la taxe Tobin, dont Attac avait de longue date fait un cheval de bataille, et qui a été récemment défendue auprès du G20 par notre Président de droite.
Les bonnes questions et les bonnes idées ne sont l'exclusivité ni d'un bord ni d'un autre.
Pas plus que la connerie d'ailleurs.
Qu'on aime ou qu'on aime pas nos gouvernants (ou leurs opposants), un peu d'objectivité et de libre arbitre ne nuira jamais.
Re : Comprendre la dette en 10 minutes
Un brin pour alimenter ces discussions, avec un témoignage allant fortement dans le sens de mon propos...
L'élite hors-la-loi
Il s'agit d'un entretien avec l'avocat et commentateur politique américain Glenn Greenwald , auteur du récent livre "With Liberties and Justice for Some", tel que publié dans "La Presse", celle de Montréal, mon quotidien préféré.
Cet observateur averti lance une question intéressante: alors que les organisations politiques ne fonctionnent plus, ce que démontrent les récents événements "Printemps des pays musulmans" et "Occupy Wall-Street" et cie, puisque le changement devra venir de la rue, ne pouvant venir d'ailleurs, quel sera ce changement?
Quelle forme prendra ce grand nettoyage des moeurs politiques qui est de plus en plus réclamé?
Greenwald semble opiner que le grand nettoyage se fera, via les fautifs financiers et économiques. Je ne sais quelle forme cela prendra; mais j'ai bien l'impression que tous les signes annonciateurs sont là et que donc, cela sera bientôt. N'est-pas hier matin, que la chancellière allemande a déclaré qu'il n'y aura pas de solution miracle et que tous devront asseinir leurs fonctionnements?
Re : Comprendre la dette en 10 minutes
La révolution fusse t elle venu de la rue, comme tout renversement de pouvoir aboutie a quoi au final ? Le transfert de ce pouvoir et de ses privileges a une caste dirigeante différente (roi vers élu, dictateur militaire vers dictateur religieux ....) finalement le peuple n a jamais le vrai pouvoir de décision.
Re : Comprendre la dette en 10 minutes
@ReD & Chichille
Sauf si cette (r)évolution s'inspirait de cette idée utopique.
Utopique.... pour le moment. Cela peut évoluer avec ces mouvements qui se dessinent partout sur la planète mais très timidement en France où ils sont encore étouffés dans l'œuf et ne trouvent que peu de relais.
Mais je crains que ce ne soit pas pour demain, il suffit de voir combien même les évidences sont farouchement niées par la plupart des gens qui acceptent de débattre... Quand ils acceptent, et que leur contribution comporte un tant soit peu d'arguments qui tiennent la route. Le plus souvent, ce n'est que raillerie et ironie qui tiennent lieu d'argument. Un peu à l'image du dessin cochonesque précédemment publié...
Re : Comprendre la dette en 10 minutes
Amusant, cette avancée, Aslio... Mais, à ma constatation, c'est à peu de chose près, ce que nous vivons présentement. Dans les organisations politiques du moment, ceux qui ont les capacités pour prendre soin de l'organisation se retirent, pour toutes sortes de raisons, ce qui ne laisse que les militants convaincus ordinaires, la fameuse base militante, dans laquelle peu ont les capacités nécessaires. Comme peu d'entre eux s'avancent, à chaque assemblée, c'est, à toute fin pratique, un équivalent de tirage au sort qui nomme les nouveaux responsables aux postes importants de l'organisation. Et ça continue: chaque sortie regrettable d'un responsable important bien intentionné mais aux capacités moindres en décourage encore plus, ce qui diminuent le nombre des militants et donc, la base restante et donc, le "pool" des "tirages au sort" se rétrécit et ainsi de suite... jusqu'à ce que les comptes de l'organisation soient vides.
Sera-ce mieux à grande échelle, i.e. pour un gvt et une population?
À ma connaissance, ce que j'observe à petite échelle (organisation politique) se reproduira tel quel à plus grande échelle (gvt). Ce qui me fait opiner que, certes, c'est une possibilité amusante pour les discussions, mais inadéquate dans la réalité, voire même, à terme, catastrophique pour le gvt qui l'aura mise en place. Par contre, les discussions sur les pours et les contres pourra aisément faire ressortir les améliorations possibles sur les systèmes actuels.
Pour peu que les tenants actuels veulent bien améliorer... ce qui ne semble point acquis, en regard des incroyables fortunes qui disparaissent quotidiennement des activités régulières et ce, présentement, sous tous les cieux.
Re : Comprendre la dette en 10 minutes
Vraiment passionnant ce fil !
Re : Comprendre la dette en 10 minutes
En gros c'est ca :
Dans un village qui vit du tourisme, il n'y a plus de touristes, à cause de la crise. Pour survivre, tout le monde emprunte à tout le monde. Plusieurs mois passent, misérables. Arrive enfin un touriste qui prend une chambre dans l'hôtel, qu'il paie avec un billet de 100 euros. Le touriste n'est pas plutôt monté à sa chambre que l'hôtelier court porter le billet chez le boucher à qui il doit justement cent euros. Le boucher va lui-même aussitôt porter le même billet au paysan qui l'approvisionne en viande; le paysan, à son tour se dépêche d'aller payer sa dette à la prostituée à laquelle il doit quelques «services». La prostituée va à l'hôtel pour rembourser à l'hôtelier les chambres qu'elle louait à l'heure. Comme elle dépose le billet de 100 € sur le comptoir, le touriste, qui venait dire à l'hôtelier qu'il devait repartir tout de suite, ramasse le billet et disparaît. Au total, chacun a payé sa dette; rien n'a été dépensé, ni gagné, ni perdu, par personne. Et plus personne dans le village n'a de dettes. N'est-ce pas ainsi qu'on est en train de résoudre la crise mondiale?»
Kriss
Re : Comprendre la dette en 10 minutes
@krisscc
Ya de ça.
Ou encore, après les cochons, les ânes :
La crise des ânes :
Un homme portant cravate se présenta un jour dans un village.
Monté sur une caisse, il cria à qui voulait l’entendre qu’il achèterait cash 100 euros l’unité tous les ânes qu’on lui proposerait. Les paysans le trouvaient bien peu étrange mais son prix était très intéressant et ceux qui topaient avec lui repartaient le portefeuille rebondi, la mine réjouie. Il revint le lendemain et offrit cette fois 150 € par tête, et là encore une grande partie des habitants lui vendirent leurs bêtes. Les jours suivants, il offrit 300 € et ceux qui ne l’avaient pas encore fait vendirent les derniers ânes existants. Constatant qu’il n’en restait plus un seul, il fit savoir qu’il reviendrait les acheter 500 € dans huit jours et il quitta le village.
Le lendemain, il confia à son associé le troupeau qu’il venait d’acheter et l’envoya dans ce même village avec ordre de revendre les bêtes 400 € l’unité. Face à la possibilité de faire un bénéfice de 100 € dès la semaine suivante, tous les villageois rachetèrent leur âne quatre fois le prix qu’ils l’avaient vendu et pour ce faire, tous empruntèrent
Comme il fallait s’y attendre, les deux hommes d’affaire s’en allèrent prendre des vacances méritées dans un paradis fiscal et tous les villageois se retrouvèrent avec des ânes sans valeur, endettés jusqu’au cou, ruinés.
Les malheureux tentèrent vainement de les revendre pour rembourser leur emprunt. Le cours de l’âne s’effondra. Les animaux furent saisis puis loués à leurs précédents propriétaires par le banquier. Celui-ci pourtant s’en alla pleurer auprès du maire en expliquant que s’il ne rentrait pas dans ses fonds, il serait ruiné lui aussi et devrait exiger le remboursement immédiat de tous les prêts accordés à la commune.
Pour éviter ce désastre, le Maire, au lieu de donner de l’argent aux habitants du village pour qu’ils paient leurs dettes, le donna au banquier, ami intime et premier adjoint, soit dit en passant. Or celui-ci, après avoir rétabli sa trésorerie, ne fit pas pour autant un trait sur les dettes des villageois ni sur celles de la commune et tous se trouvèrent proches du surendettement.
Voyant sa note en passe d’être dégradée et pris à la gorge par les taux d’intérêts, la commune demanda l’aide des communes voisines, mais ces dernières lui répondirent qu’elles ne pouvaient en aucun cas l’aider car elles avaient connu les mêmes infortunes.
Sur les conseils avisés et désintéressés du banquier, toutes décidèrent de réduire leurs dépenses : moins d’argent pour les écoles, pour les programmes sociaux, la voirie, la police municipale... On repoussa l’âge de départ à la retraite, on supprima des postes d’employés communaux, on baissa les salaires et parallèlement on augmenta les impôts. C’était, disait-on, inévitable mais on promit de moraliser ce scandaleux commerce des ânes.
Cette bien triste histoire prend tout son sel, quand on sait que le banquier et les deux escrocs sont frères et vivent ensemble sur une île des Bermudes, achetée à la sueur de leur front. On les appelle les frères Marchés. Très généreusement, ils ont promis de subventionner la campagne électorale des maires sortants.
Toute ressemblance avec des faits blablabla...