Merci Claude pour cet avis argumenté et illustré qui fait bien avancer l'ébauche de la réflexion.
Ca m'inspire plusieurs interrogations et une suggestion: le voyeurisme n'existe que parce qu'il y a une forme d'omerta, de tabou, sur tout ce qui touche au handicap, à la mort... on y est pas habitués, ça provoque rejet ou fascination morbide...
Ensuite, je me demande si la prise de conscience des possibles conséquences d'un accident, de la violence du choc ressenti, du bruit entendu et du traumatisme que tout ça engendre, peut venir de l'imaginaire? Il me semble que ceux qui l'ont vécu témoignent, quand ils s'en souviennent, que c'est bien plus traumatisant que ce qu'ils imaginaient. Et c'est parfois si traumatisant qu'ils ne se le rappellent pas.
Pourquoi Hitchcock fait-il appel à l'imaginaire? C'est en effet l'un des ressorts qu'il utilise pour provoquer la peur et servir sa narration. Sa finalité, raconter une histoire, diffère radicalement des objectifs d'une campagne de prévention routière (faire prendre conscience). En outre, devant un Hitchcock, on est dans la fiction (par essence imaginaire), alors que la campagne de prévention routière veut justement sensibiliser sur la réalité des conséquences que des imprudences peuvent provoquer. L'imaginaire suffit-il à servir cet objectif??
Il est en revanche probable que la multiplication des images "choc" pourrait finir par les banaliser, même si l'exemple des photos sur les paquets de cigarettes ne me semble pas forcément pertinent pour 2 raisons :
1) la clope est une vraie drogue (qui cause d'ailleurs bien plus de morts que les routes!). La raison et la prise de conscience face à une drogue si dure ne pèsent pas toujours bien lourd...
2) une photo de 3cm2 n'a pas le même impact qu'un film même de quelques secondes, c'est inerte et petit, donc abstrait...
Allez, participez à ce débat les z'amis !